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Pendant la guerre d'Indochine, un prisonnier vietnamien confie à un enfant un message destiné à sa femme. Mais celui-ci ne lui parviendra que 25 ans plus tard.
En 1954, pendant la guerre d'Indochine, un prisonnier vietnamien confie à un enfant un message pour sa jeune femme enceinte. Mais il se passera 25 ans avant que celui-ci, passé de main en main, lui parvienne à Paris, où elle habite désormais. Leur fille revient au Vietnam décidée à refaire l'extraordinaire itinéraire de ce papier dispersé au fil des drames et des souffrances de son pays natal.
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" A travers le lent vovage d'un message d'amour, Lê Lâm brosse vingt ans de l'histoire écorchée
" A travers le lent vovage d'un message d'amour, Lê Lâm brosse vingt ans de l'histoire écorchée de son pays. Si la première partie du film, le temps de la coloniale, représenté par la cohabitation malaisée des deux Français et de quelques Vietnamiens, est extrêmement découpée, ce qui a pour effet d'accroître la sensation d'étouffement et de panique, les deux derniers tiers de l'oeuvre sont essentiellement faites de plans larges. C'est en tenant ses personnages à distances, dans des paysages étrangers ou hostiles, que Lâm Lê parvient à communiquer le sentiment de stupeur des Vietnamiens que les dévoiements de l'Histoire ont contraint à la diaspora.
Quelques plans lui suffisent pour faire ressentir les premières amertumes de l'exil. La jeune Vietnamienne regarde la mer à travers le hublot d'une cabine. Plus tard, elle scrute le paysage français à travers la vitre du train qui la mène vers Paris. C'est tout et ça glace le coeur. Ne disposant pour réaliser sa fresque que d'un budget restreint, il a dû user de subterfuges. Ainsi, pour montrer le passage des années, se contente t-il de pointer sa caméra sur une radio : publicités et commentaires politiques changent de style toutes les dix secondes pour arriver à ceux en vogue dans les années soixante-dix. Lâm Lê semble du reste avoir le culte des objets révélateurs d'une mode et d'une culture. Une tête d'angelot apparaît soudain dans la vase, parée de toute la beauté de l'art chrétièn.
(...) Poussière d'empire, (...) est imprégné d'une poésie dont le cinéma français a égaré le secret. Cette poèsie, le réalisateur semble la trouver dans sa passion viscérale et sans espoir pour son pays, et dans sa compassion pour ses compatriotes condamnés à la nostalgie. "
" Imprégné de sa culture d'origine et de l'histoire de son pays, mais également au fait de toutes les rech
" Imprégné de sa culture d'origine et de l'histoire de son pays, mais également au fait de toutes les recherches en matière de modernité occidentale. Comme son auteur, l'oeuvre est inclassable, rappelant beaucoup de choses, n'en imitant aucune, toujours un pas de côté de ce que l'on peut prevoir, étrange, irrritante, presque grotesque. Comme si, de la cacophonie d'un orchestre où chaque musiciens s'accorde avant le concert, naissait soudain la mélodie dans la plus étonnante des lumières car l'image est belle, très belle. Avec un culot qui surprend, Lâm Lê tente toutes les expériences et fait souvent mouche. Il ne faut pas manquer ce film qui possède a plus grande des qualités, celle d'échapper au conformisme."
20/10/1983" Deux films en un, un film en deux temps, symphonie abrégée d'un demi-siècle de la (re)naissance vietnamienn
" Deux films en un, un film en deux temps, symphonie abrégée d'un demi-siècle de la (re)naissance vietnamienne en deux mouvements distincts.
Premier mouvement, plutôt vivace: les pizzicati d'une caméra qui sautille ironiquement autour d'un militaire et d'une missionnaire pataugeant lourdement avant de s'embourber corps et âme dans le Tonkin de 1954 (...).
Deuxième mouvement : andante. Lâm Lê calme ses images,l'orchestre sourit tristement en suivant l'itinéraire d'un billet abandonné par un guerrier viet-minh dans la main d'un enfant. Billet d'amour, message de paix et de confiance, dure leçon de réalisme aussi qui va voyager, au-delà du massacre d'une terre, jusqu'à l'exil forcé et parisien de celle à qui il était destiné, échouant vingt ans après."
" ... un saisissant poème en image ponctué d'ellipses qui sont autant de sauts dans le temps et dans l'espace. A
" ... un saisissant poème en image ponctué d'ellipses qui sont autant de sauts dans le temps et dans l'espace. Autrement dit, un film plein de bruit, de fureur, de silence, de méditation, où l'Histoire et la légende simbriquent l'une dans l'autre, de même que la fiction et quasi-reportage, la politique et la cosmogonie. la théâtralité et te réalisme...
Avec Lâm Lê on ne sait jamais sur quel pied danser ni à quel oeil se fier. Cela commence dans l'Indochine française des années 50 à la manière d'un film d'aventures. (...)
Cadrages et éclairages renforcent la stylisation. Dans l'espace clôs de cette maison des morts, la caméra cerne les êtres et les choses avec un hiératisme d'épure. Images glacées et cotonneuses d'un cauchemar vrai."
" Le cinéma de Lâm Lê n'est pas fondé sur une identification psychologique aux personnages ou sur le mou
" Le cinéma de Lâm Lê n'est pas fondé sur une identification psychologique aux personnages ou sur le mouvement d'une conscience, mais sur le développement interne, logique d'une situation, sur une connivence toute métaphysique des signes et des choses, un ordre mathématique du monde et puisque le monde est chiffré, il ne peut se restituer qu'à trayers un code.
(...) C'est bien évidemment la recherche d'une scène primitive (image ou son) qui fonderait l'existence cinématographique, une cinématographie du Vietnam qui motive le film, à partir de laquelle son histoire, ses contradictions pourraient se décliner. Cette image primitive, première et une, n'existe pas - ou alors elle est d'emblée double, duelle, comme la pensee chinoise : dans l'univers, il y a toujouurs le ciel et la terre, le cercle et le carré, simultanément, chacun de ces symboles ordonnant une partie de Poussière d'empire.
Le ciel, c'est de là que descendent pour finir dans la boue, le guerrier et la femme-prêtre, Jean François Stévenin et Dominique Sanda, venus enseigner la bonne parole aux barbares d 'Asie. C'est encore cette source de lumière qui, projetée sur la robe de la soeur, (sur le Saint-Suaire), anime les images de la Passion du Christ, des noces de Cana (remake muet de l'épisode chrétien d'Intolérance ?)
Le carré est la figure fondamentale de cet épisode : il est donc construit sur le chiffre quatre (toujours quatre personnages dans le champ ou à défaut trois et un pilier, le cinquième étant le mort). Il n'y a que des hommes dans ce premier épisode et Dominique Sanda, en donnant sa vie à Dieu a renoncé par là même à sa féminité. L'ensemble de l'action se passe à l'intérieur d'une cabane qui est pratiquement la métaphore du Vietnam ; l'Eglise et l'Armée en sont les deux principaux protagonistes.
A l'opposé, la seconde partie est faite sur le cercle, sur la terre, cette terre craquelée qu'est devenue la boue (...). Sur le chiffre trois - la trinité de la reproduction, de la fécondité. Sur la féminité - les rares hommes présents ne font que traverser le champ. (...) Entre le Vietnam et la France, l'image ou la voix du Vietnam, enfouie sous l'image des colons, sous celle du discours chrétien, remonte à la surface, resurgit pour gagner sa pleine autonomie et couvrir la totalité de son champ, sans l'ombre de l'Occident. Le temps est venu alors pour le message du soldat blessé d'arriver à son terme."
Alors que le premier film de Lâm Lê Rencontre des nuages et du dragon (moyen métrage) fut tourné en France, le to
Alors que le premier film de Lâm Lê Rencontre des nuages et du dragon (moyen métrage) fut tourné en France, le tournage de Poussière d’Empire se déroule à Ho-Chi- Minh Ville et à Paris. Cette scission géographique fait exactement écho à la culture franco-vietnamienne du réalisateur (celui-ci travailla pour la télévision hexagonale, mais aussi pour le Théâtre de l’Epée de Bois).
Le véritable héros du film n’est ni Jean- François Stevenin ni Dominique Sanda (incarnant respectivement un sergent et une religieuse, lesquels disparaissent de l’écran assez vite), mais un petit message d’amour dont les tribulations et les métamorphoses vont être prétexte à une passionnante confrontation des cultures. La première partie du film (l’épisode de Sanda et de Stevenin) se passe en pleine guerre d’Indochine, et ne couvre scénarique- ment que vingt-quatre petites heures, tandis que la seconde s’étend, elle, sur une trentaine d’années. Ce déséquilibre, qui aurait pu constituer un sérieux handicap, n’empêche jamais Poussière d’Empired’être constamment cohérent et beau.
La mise en scène parvient à concilier l’héritage des expériences scénographico-théâtrales de l’auteur et l’approche toute charnelle de la terre et des éléments. Les enfants ont ici un rôle important, et Lâm Lé sait merveilleusement les filmer.
Voilà une œuvre qui aurait sa place dans un festival de cinéma poétique, comme dans celui témoignant des calvaires coloniaux. A voir et à aimer, d’autant que le sacré et ses périphéries ne cessent d’être présents.
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